La dette : qui va payer ?

Nous entendons dire qu’il faut supprimer la dette publique détenue à la BCE pour faire baisser son taux d’endettement et ainsi pouvoir emprunter de nouveau de l’argent auprès des marchés financiers. Cette drôle d’idée est lancée par d’éminents économistes tels que Thomas Piketty ou Gaël Giraud.

Dans un premier temps, il faut comprendre que l’annulation de la dette auprès de la BCE, est en réalité d’annulation de la promesse de remboursement. Pour annuler la dette, nous pouvons imaginer que l’état français pourrait inscrire dans sa constitution qu’il s’engage à ne plus emprunter si la fameuse dette Covid19 est annulée. Seulement, c’est une chose impossible car en réalité le but de l’annulation de la dette est de s’endetter de nouveau pour continuer à payer des transferts sociaux qui n’ont aucune rentabilité.

Prenons l’exemple du Japon, un pays sans dette ? En fait il est tout simplement endetté vis-à-vis de lui-même. Pour comprendre cet état de fait, voyons deux exemples :

. Le Japon emprunte à un pays tiers de l’acier sur 20 ans : il l’utilise sans le payer et 20 ans plus tard il rembourse, le Japon appauvrit donc son pays. La dette externe est payée au moment où on la rembourse.

. Le Japon emprunte à des entreprises japonaises : Il soustrait donc de la richesse à son pays et 20 ans plus tard il rembourse. Au niveau du pays l’opération est neutre et si le pays a gagné de l’argent grâce à cet emprunt, le pays est plus riche à la fin. Une dette interne est payée au moment où on emprunte. 

Le taux d’intérêt est le lien entre le présent et le futur, si vous mettez des taux d’intérêt négatif, le futur devient plus certain que le présent. Dans l’histoire mondiale de l’emprunt, ça ne s’est jamais passé, le futur ne peut pas être plus certain que le présent. Donc nos économistes demandent l’annulation de la dette, des taux d’intérêt négatifs (destruction de l’épargne longue) ce qui veut dire que tous les investissements doivent être fait avec l’argent du gouvernement qui n’existe pas et qui est créé par la BCE à partir de rien. C’est donc l’état, dans sa grande sagesse qui décidera des investissements. L’économie n’est pas une démocratie quand il s’agit de prendre un risque, la décision est prise par l’état.

Rembourser un emprunt qui a été financé par de l’impression monétaire à notre banque centrale (via la BCE) n’a aucun sens, car cela consiste à déplacer la perte d’un endroit à un autre, sans aucun effet sur la richesse globale du pays. Ce qui est important dans ce cas c’est de savoir si cet emprunt a permis de réaliser plus de richesse que son coût. La dette japonaise des années 90 a été payé par l’emprunt de l’épargne japonaise, cela a coûté 20 ans d’absence de croissance, mais aujourd’hui la dette est payée.

Revenons à la France, elle s’est appauvrit au moment où toutes les entreprises ont fermé pour cause de Covid19, les gens ne sont pas allés travailler, la perte est derrière nous. Imprimer de l’argent a été une façon de répartir la perte sur tout le monde pour la rendre plus supportable, puisqu’elle a été créer par de l’impression monétaire. Tout le monde a contribué, sur qui voulez-vous déplacer les dettes puisque tout le monde a déjà contribué ? Ça n’a juste pas de sens, seulement ça pourrait en avoir au niveau politique : cette histoire de remboursement de dette peut permettre de stigmatiser telle ou telle catégorie de population pour savoir qui doit payer la dette. Certains veulent faire payer les riches, d’autres veulent faire payer les multinationales… Nous serons toujours aussi pauvres à la fin de l’histoire. Les pays les plus mal gérés semblent se diriger vers une pente autoritaire, la France réfléchit sur une taxe sur l’épargne, même si elle ne le dit pas encore et les Etats-Unis réfléchissent à une taxe mondiale sur les multinationales à 21% des bénéfices. Pendant ce temps la Chine se moque des débats occidentaux et la Suisse s’inquiète de voir ses voisins glisser vers la pente de réduction des libertés.

Qui va payer la dette, la question reste ouverte, donnez-nous votre avis.

 

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